Page:Lemonnier - Félicien Rops, l’homme et l’artiste.djvu/235

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

traits des grands peintres d’humanité, avec des plans qui s’éclairent du côté de l’art, avec de volontaires et violentes obscurités du côté de la vie. Elle semble vouloir, en se dénonçant telle, dérouter la conjecture en lui proposant un problème. Elle est claire à la fois et mystérieuse ; elle est harmonieuse et contradictoire ; et elle demeure troublante.

Elle a le plissement d’yeux acéré, énigmatique et cruel d’un Clouet. Elle a la souplesse nerveuse et claquante d’un personnage à la Hals, moustache au vent et poings sur la hanche. Elle a l’élégance rusée et don juanesque d’un cavalier à la Van Dyck. Elle crâne, elle piaffe, elle rue ; et tout au fond, comme aux caves d’un palais d’or et de cristaux, dans une ténèbre hagarde, songe l’âme hallucinée d’un Rembrandt. Une vie multiple la complique et la projette en tous sens, derrière le feu d’artifice de sa verve, de son esprit et de son don d’illusion, et cette vie est tour à tour ou ensemble la vie du « Monsieur en habit noir », du sportman, du travailleur, de l’homme des foules, du passant des villes et des campagnes, d’un philosophe, d’un savant et d’un oisif prodigieusement occupé.

Telle qu’on la peut suivre, elle porte bien la marque de son temps et elle