Page:Lemonnier - Félicien Rops, l’homme et l’artiste.djvu/287

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voulu rester jusqu’au bout. Ce fut en 1894, à l’occasion du monument que l’édilité ixelloise élevait à la grande mémoire de Charles De Coster. Il avait voulu être présent : d’un bel élan de sa vieille affection, il était venu de Paris, l’œil brillant, avec son air de jeunesse parmi les anciens de sa génération. N’était-ce pas un peu sa fête à lui-même après tout ? Ne fêtait-on pas, à travers le frère d’art et le compagnon d’armes, cet Uylenspiegel auquel leur génie à tous deux avait donné la forme des définitives résurrections ?

Au gala qui eut lieu le soir au musée de la commune, il eut vraiment sa part de l’apothéose. Sous les lumières, se pressaient en foule l’art, la beauté, les poètes. L’heure à la fois sembla promettre à l’immortalité la vie spirituelle de celui qui n’était plus et glorifier d’un hommage anticipé celui qui vivait encore. La musique, les sourires, les parfums, cette caresse d’amour qui est dans l’empressement des hommes et le murmure charmé des femmes, l’enveloppèrent. Une cour ardente et timide palpitait, battait près de son cœur qui avait tant battu. De jeunes muses, fleurs de grâce et de rythme, se balançaient, s’inclinaient sur son passage. Il put goûter l’illusion de les avoir