Heureusement il reste peintre et coloriste. Pas toujours cependant, car sans parler de la coupole du Panthéon ou des plafonds du Musée du Louvre, certaines toiles sont d’un pinceau très sec et d’une couleur glacée, « rosée », comme le lui reprochait un critique. Mais dans presque tous les portraits, dans la Bataille d’Eylau, dans les Pestiférés de Jaffa, dans ses grandes œuvres en un mot, Gros a une manière souple et ferme à la fois, grasse sans excès. Généralement, il soigne, avec un peu de minutie peut-être, le rendu des objets ou des personnages placés immédiatement devant l’œil du spectateur ; il se complaira même à des preuves de maîtrise, à des pratiques de métier dans le détail des uniformes : étoffes, galons et boutons d’or, poignées de sabre, etc., marquant ainsi en vigueur un peu lourde ses premiers plans. Par contraste, il indique les seconds plans ou le paysage d’une façon très vive, avec quelques frottis seulement, ce qui donne au tableau beaucoup d’air et de légèreté.
Coloriste, il le fut plus que personne de son temps. D’abord, il avait le sentiment des ensembles, c’est-à-dire de la relation des valeurs, non seulement dans une partie de la toile, mais dans la toile tout entière. « Il faut procéder par ensembles, disait-il, ensemble de mouvements, de lumière et d’ombre, ensemble d’effet. » Et puis il aimait la couleur, et tout est là. « On ne fait pas de peinture à la Spartiate », disait-il encore. Delestre, qui nous rapporte ce mot, nous donne quelques renseignements sur son mode de travail : il conservait sur sa palette la fraîcheur