Page:Lemonnier - Gros, Laurens.djvu/128

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l’art de l’Empire ou des premiers temps de la Restauration ! Ni Girodet, ni Gérard, ni Guérin, ni Carle et Horace Vernet, ni la foule des peintres secondaires qui représentèrent des scènes contemporaines ne cherchèrent ou ne réussirent à s’en inspirer véritablement. Si l’on observe que l’éclat de la renommée de Gros contribua à faire entrer la peinture de bataille et la peinture des scènes contemporaines dans le domaine autrefois plus étroit du grand art et à la hausser dans l’estime publique, on aura peut-être fait à ces œuvres leur part, qui est belle. Mais Gros ne fut jamais chef d’école et, même quand il dirigea un atelier, il n’eut pas de disciples.

Raffet, qui fut un moment son élève, est le seul qu’on pourrait rapprocher de lui ; seulement, comme il arriva à son atelier en 1827, les leçons directes qu’il reçut n’entrèrent évidemment pour rien dans la formation de son esprit. Pourtant on se laisse aller facilement à comparer quelques-unes de ses lithographies épiques à l’inspiration de Gros, et il est presque permis de faire honneur au peintre d’Eylau de la conception de la Revue de minuit. C’est dans l’une et dans l’autre page le même sentiment héroïque et mélancolique à la fois, l’expression des grandeurs de la guerre et de leur néant, plus voisine de la réalité chez Gros, plus idéalisée chez Raffet : comme il convenait d’ailleurs, puisque le premier faisait œuvre contemporaine et le second rétrospective.

Tout cela admis, on observera que certains artistes marquent leur trace dans l’avenir à la mesure de leurs