Page:Lemonnier - Gros, Laurens.djvu/13

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quelques œuvres exceptionnelles de David. Lorsque la grande crise fut terminée et qu’avec le Directoire, puis le Consulat, les passions s’abâtardirent d’abord, puis se calmèrent, on put croire que la théorie classique allait reprendre tout son empire sur les intelligences assagies. Et l’œuvre qui, au lendemain de l’expédition d’Égypte, des périls de la France en face de la grande coalition de 1799, s’emparait du public et concentrait toutes les admirations était les Sabines de David, exposées cette année même.

Mais à l’effervescence politique succéda l’enthousiasme militaire et l’entraînement des Français vers toutes les manifestations de la gloire. En outre, Napoléon, dès qu’il eut conquis le pouvoir, bien qu’il fût classique d’instinct, ne se contenta pas d’un art dont l’inspiration tout entière eût été indifférente à ses exploits et à la grandeur de son règne, et il ramena les peintres et les sculpteurs — surtout les peintres — à la glorification de ses actes.

Encore une fois, il y avait désaccord entre l’esthétique, toujours plongée dans le culte de la pensée pure, de la froide raison, isolée dans l’antiquité, et l’exaltation belliqueuse, l’élan vers l’héroïsme, le culte de la force en pleine exubérance, qui chez presque tous les Français surexcitaient les sensations.

Est-ce à dire cependant que le classicisme, qui évidemment apportait des entraves à un art nouveau, ne lui ait pas d’autre part fourni quelques éléments de beauté ? D’abord, par sa discipline éducatrice, par sa préoccupation