remarquable, qui ne fut pas remarquée autant qu’elle méritait de l’être, et une Sapho se précipitant du rocher de Leucade, qui suscita toutes sortes de plaisanteries ou de calembours satiriques chez les petits salonniers : « Tableau trop vert, qui fait penser que le peintre était gris » ; — « Le tableau appartient à l’auteur (disait le livret) ; je le crois bien ! » — « Pour détruire cette peinture, Le Temps devrait prendre sa faulx. » Tout cela d’un goût fort médiocre, mais bien significatif de l’opinion moyenne. On ajoutait d’ailleurs que l’auteur avait « un vrai talent ». Notons qu’à la dernière exposition où figurera Gros, en 1835, alors qu’il enverra le Diomède et l’Acis et Galatée, on dira de lui presque exactement ce qu’on en disait à son premier Salon. On proclamera son « vrai talent », mais on attaquera, avec quelle âpreté cette fois, parce qu’il est un artiste en vue, les sujets choisis, et la pauvreté, le ridicule même de leur conception. En fait, de la Sapho à l’Acis et Galatée ou au Diomède, comme de l’Eléazar au Saül, il n’y a qu’une différence d’exécution. Esthétiquement, les œuvres pourraient être interverties dans leurs dates.
Mais, en 1802, dans la pleine force de sa jeunesse — il avait trente et un ans — Gros allait prendre une revanche éclatante du demi-échec de 1801 et révéler, comme par un élan de sève naturelle, son vrai génie artistique.
Quelques hommes d’État, au cours de la Révolution, avaient déjà pensé que les événements contemporains offraient aux peintres ou aux sculpteurs une matière au moins aussi ample et aussi belle que l’antiquité. David lui-