et de neige, au ciel bas et nuageux, à la vaste plaine, avec les villages où fument encore les incendies, aux longues files de l’armée qui se déroulent, c’est certainement un des beaux paysages qui aient été conçus. Il contribue à la poésie épique du sujet, en même temps qu’il fond et atténue dans une harmonie grise les parties parfois trop vibrantes du premier plan.
Pour mieux sentir la beauté et l’originalité de cette grande page, où les quelques défauts mêmes sont comme la marque de la personnalité de l’auteur, il suffirait de la comparer aux autres tableaux de la bataille d’Eylau, qui furent très nombreux, qu’ils aient été ou non composés à l’occasion du concours.
La Bataille des Pyramides[1], exposée en 1810 avec la Capitulation de Madrid[2], fut assez froidement accueillie. Mais Gros restait très à la mode dans la société impériale et surtout dans le monde militaire. L’Empereur et Joséphine le protégeaient, les membres de la famille Bonaparte étaient avec lui en rapports presque affectueux : il connaissait intimement les Berthier, Denon, qui saisissait toutes les occasions de le faire valoir. Aussi recevait-il de toutes parts des commandes : en 1804-1806, portraits de Lucien Bonaparte et de sa famille, de Duroc, de Masséna ;
- ↑ Le tableau appartient au Musée de Versailles, où il a été exposé jusqu’en 1870 et où il va être réexposé. Mais, la direction des Musées, en le désignant pour Versailles sous Louis-Philippe, exigea de Gros deux agrandissements à droite et à gauche. Ils furent dessinés et peut-être commencés par lui peu avant sa mort. Debay les termina. Ce fut l’occasion de longues difficultés avec la liste civile.
- ↑ Musée de Versailles.