Page:Lemonnier - Gros, Laurens.djvu/57

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viève. Le programme comportait la représentation à demi allégorique, à demi historique, des grandes époques du passé de la France, avec Clovis, Charlemagne, Saint Louis, et naturellement Napoléon. Sainte Geneviève, patronne de l’église et de Paris, présidait à ces fastes. Gros traça les grandes lignes de la composition et en esquissa les quatre épisodes, entre 1811 et 1812. Mais la guerre de Russie en 1812, la campagne d’Allemagne en 1813, l’invasion de la France en 1814 suspendirent ces travaux, en même temps qu’elles ralentissaient l’activité artistique. Il ne reste de Gros, pour ces trois années, que des portraits ou des projets de grandes compositions simplement jetés sur le papier : un Incendie de Moscou, fort mélodramatique et agité, Napoléon confiant Marie-Louise et le roi de Rome aux officiers de la Garde nationale.

Même dans le fac-similé fait par Delestre, cette dernière apparaît comme une des œuvres puissantes de Gros, et si vivante qu’on peut se demander s’il n’avait pas assisté à la scène. Dans une vaste salle, l’Empereur, au centre et en pleine lumière, présente l’Impératrice et son fils aux assistants rangés en demi-cercle autour de lui. Le bras nerveusement tendu indique avec force le sens de l’épisode et les paroles dites se devinent. Les maréchaux, les dignitaires, les officiers sont vibrants d’enthousiasme, les épées sortent à moitié du fourreau, les mains s’agitent vers le couple impérial. S’il y a dans l’ensemble, dans les attitudes, une certaine tension, le moment était vraiment si tragique et les esprits alors si emportés par la