Page:Lemonnier - Happe-chair, 1908.djvu/151

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’il dardait l’autre dans les vitres des Fanfares, derrière lesquelles se tramait en ce moment le complot adultère.

Une chaleur lui démangeait le dos, dans son impatience joyeuse. À pas doux il monta à son grenier, bon observatoire duquel il pouvait tout voir sans être vu.

Jacques descendu à la rue, Clarinette aussitôt s’était mise à baiser follement son Nénest, disant :

— L’homme, i’ s’en va. Ça no fera sûrement deux heures. Pus qu’i n’faut, m’chéri !

Il lui avait rendu ses caresses, riant d’une franche gaieté :

— T’es une fière petite rosse.

Le mot lui avait passé dans la chair comme une tendresse. La bouche humide, toute fière de la perversité qui lui valait cette injure câline, elle lui colla son rire aux lèvres. Rosse, oui, tant qu’il voulait, puisque c’était pour lui qu’elle l’était. Et elle lui mangeait sur la bouche son mépris, comme de la douceur.

L’ombre de Huriaux passa sur le rideau ; d’un bond, elle courut au poêle verser l’eau sur le chausson.

— Aïe ! ouf ! geignit-il en s’abattant sur une chaise.

Elle le regarda s’affaler, inquiète, soupçonnant un accroc à sa ruse ; et après avoir soufflé quelques minutes, il lui déclara, en effet, que décidément ses reins le faisaient trop souffrir et qu’il n’irait pas. Elle se retourna sur lui, prête à vitupérer, frémissante ; mais à un geste de Ginginet qui craignait une querelle, elle se