I
usine haletait dans une fin d’après-midi de juillet. Il y avait
une heure à peu près que la dernière coulée, sortie pétillante
et rouge du ventre des hauts fourneaux, s’était solidifiée dans les
lingotières. À coups de masses, des hommes aux pectoraux nus
rompaient à présent cette lave froidie, en empilaient les blocs
dans leurs mains munies de paumes de cuir, le torse projeté en
arrière, avec la saillie violente des côtes, l’un après l’autre allaient
vider leurs charges sur des roulottes qui ensuite prenaient à grand
bruit le chemin des laminoirs, cahotant parmi les scories des cours
et de rails en rails rebondissant à travers les voies ferrées qui sillonnaient l’aire en tous sens. Tout en haut, dans les flammes pâles
du jour, l’énorme gueulard, pareil à un cratère, exhalait des tourbillons de gaz bleus, allumés par moments d’un rose d’incendie ;
plus bas, le long de la ligne des fours à coke, crépitaient des rangs
de feux clairs, dans un brouillard de puantes fumées noires ; et
constamment les longues cheminées grêles des fours à puddler et à
chauffer lançaient leurs flottantes spirales grises parmi les jets
bouillants éructés des chaudières.
À la gauche des grilles d’entrée, les forges, la fonderie, l’ajustage, la chaudronnerie, alignés en une suite d’installations parallèles, ronflaient comme une colossale turbine tournoyant dans