Page:Lemonnier - L'Hallali, sd.pdf/101

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
l’hallali

avec les hoquets sibilants de son asthme. Mais tout de même, à la fin le souffle lui manquait ; alors on entendait très haut rire le Vieux.

— L’argent est là, ou ailleurs, mais sûrement tu l’as, coquin. Ah ! Ah ! on s’est dit : « Le Vieux est dans sa chambre, qui n’a plus que l’âme à passer. Cachons l’argent : ce sera toujours ça de gagné pour après qu’il aura fermé l’œil. » Hein ! c’est-il pas cela ? Eh bien ! il est debout devant toi, le Vieux, plus vivant que jamais et te réclamant son argent. Ouvre le tiroir si tu ne veux pas que je le torde le cou. Est-ce que tu crois que je ne sais pas tout ? Tu as un magot, tu fais des économies sur notre misère à tous. En as-tu assez filouté de mon argent ? Mais y a-t-il seulement un sou ici qui ne soit à moi ? Même ta peau, bâtard, j’en pourrais faire du cuir pour mes bottes. Rends-moi l’argent, je te dis.

L’ombre de son geste, très grande, escaladait le mur, comme en un assaut, parmi les éclats rouges d’un suif fiché dans un bougeoir. Comme Jean-Norbert aussi avait apporté un lumignon, tous deux, entre ce double éclairage vacillant, brusquement sortaient de la nuit et y rentraient, l’un et l’autre en chemise et pieds déchaux.

Jean-Norbert maintenant suppliait :

— Eh ben, c’est vrai, je l’ai pris, j’y avais