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l’hallali

lui évoquait la domesticité seigneuriale du beau temps. Sybille, d’un plissement du coin de l’œil, le toisait de la tête aux pieds, supputant de combien de morceaux de Pont-à-Leu était faite l’importance de ce petit homme qui, devant elle, osait se donner des airs de maître.

Lechat ne tarissait pas. Il loua les vertus de sa défunte femme ; son fils était un jeune homme modèle, dont il ferait un agronome et un éleveur. Quant à Lydie, sa fille, c’était un prodige d’ordre et d’activité, une vraie petite femme déjà. Lechat vantait sa progéniture comme il vantait ses petits cobs, ses engrais, ses poules, mais d’une rondeur si naturelle qu’on oubliait qu’il y avait peut-être chez ce bonhomme goguelu et madré l’arrière-pensée d’une affaire. Il avait appelé sa maison « Mon Plaisir ».

Patient et dissimulé, Jean-Norbert ne disait rien, l’œil terne, comme une glace retournée du côté de l’étamure. Peut-être lui aussi suivait une idée, personne n’aurait su dire laquelle. Il était comme l’ombre d’un nuage par-dessus le champ.

Firmin Lechat demeura toute une heure, gai, satisfait, bruyant, bouche close, à travers son bruit de paroles, sur le vrai but de sa visite. À la fin, comme le petit cheval, flairant Bayard dans son écurie, tirait sur l’anneau et donnait des