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l’hallali

Il le craignit bien plus quand il le vit passer un jour, avec son ancien maître, dans son poney-chaise. Comme le baron menait grand train la voiture, il sembla avoir repris à ses côtés la place subalterne qu’il avait occupée autrefois. Lechat se trouva bientôt presque chaque jour, et comme par hasard, sur le chemin de Monsieur.

Jamais le Vieux n’avait jeté plus insolemment son argent par portes et fenêtres : Piéfert se douta quelle en était la source ; il se désola que le Vieux ne fût plus venu lui en redemander depuis l’autre fois où ils s’étaient querellés. Personne n’ignorait que l’ancien maître Jacques avait fait de grandes avances au baron.

Lechat s’y prit si adroitement pour donner à ce dernier le goût de visiter sa maison, son écurie, son potager et ses jardins que quand Monsieur y eut mis les pieds, il lui sembla y être venu de son propre mouvement et comme s’il fût rentré chez lui. Il put s’asseoir dans des fauteuils confortables ; il eut même le plaisir ironique de constater que ceux-ci avaient appartenu au mobilier du château. Lechat essaya de lui persuader qu’il les avait rachetés aux enchères en une pensée mémorative et pieuse.

Le baron en prit ce qu’il voulut : il eut le sentiment que cet affranchi d’hier, par la bonne te-