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l’hallali

déclara qu’il paierait lui-même sa dette et fit venir deux bûcherons qui montèrent dans les chênes.

À la cognée ils abattirent d’abord les hautes branches détachées par le poids des neiges et qui pendaient le long des troncs écuissés. Les hommes, au bout de deux jours, en amenèrent un troisième qui bottela les émondes en falourdes. Puis ensemble ils commencèrent à déchausser du pied un des chênes. Mais Jean-Norbert, qui ne quittait plus le bois, se mit à hurler comme si le fer l’eût entamé dans sa chair vive. Il chassa les bûcherons et s’en alla régler l’hôtelier. La nouvelle s’en étant ébruitée, trois ou quatre petits créanciers se mirent en tête d’être payés à leur tour. Cette fois, le paysan ne voulut rien entendre. Le pis fut que Pourignau, le boucher, qui était aussi un des créanciers de Monsieur, flairant une affaire, guigna tout à coup la chênaie. Il fit une offre au baron, en déduction de la créance, mais celui-ci, cette fois encore, le renvoya à Jean-Norbert en déclarant que c’était celui-ci qui gérait ses biens.

Le boucher trouva le paysan qui achevait de planter ses féveroles et, l’abordant, il entama aussitôt l’affaire.

— Bien le bonjour, Jean-Norbert, lui dit-il, j’ai là un petit compte qu’y faudrait ben me régler.