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l’hallali

verts, il se mit à la tirer par les aisselles du côté de la berge. Là, elle tomba, perdit une minute connaissance, très doucement, et ensuite, rouvrant les yeux, elle le voyait devant elle, debout près de Michel à genoux et qui lui caressait les cheveux.

— Ben, c’est toi ? fit-elle.

— C’est moi.

Et il riait comme l’autre jour, de son rire rusé et sournois.

— Ah ben ! ah ben ! dit Jaja en traînant la voix.

Elle ne lui en voulait plus : c’était comme s’ils avaient été toujours amis et elle le trouvait beau, très grand dans le ciel d’or, derrière lui. Il aurait été heureux de lui caresser la peau du bout des doigts. Comme elle tremblait un peu à cause du froid, sa chemise et sa jupe pleines d’eau, il dit à Michel d’ôter sa veste et de la lui jeter aux épaules, lui n’en ayant pas. Il parlait rudement, comme un petit homme des bois. Cela déplut à Jaja qui lui dit :

— T’es pas le maître.

Il haussa les épaules sans rien répondre et à la force des poignets il lui tordait son jupon, pour en exprimer l’eau. Alors, voyant qu’il ne s’était pas fâché, elle eut un beau mouvement :