Page:Lemonnier - L'Hallali, sd.pdf/220

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sonne jamais n’allait. Sa voix ne fut plus qu’un souffle.

— Mamzelle Sybille !

Elle perçut un bruit, fit un signe de croix et regarda par le trou de la serrure. Sybille, à genoux, le corps avancé sur ses deux mains à plat, sans un mouvement, comme hypnotisée, était là qui fixait des yeux un coin du plancher. Elle dégringola aussitôt les marches et se jetant dans la chambre où Barbe, en pressant à deux mains sur son gros ventre, tâchait, de fermer les boutons d’une robe :

— Ah ! not’ bonne dame, j’l’ai évue comme je vous vois : j’sais pas où j’ai mes sangs. Comme je passais, j’ai vu mamzelle dans la chambre, ah ! oui que je l’ai évue, même qu’elle était raide comme une morte, y avait que ses mains qui allaient, allaient, et elle lavait du sang, je vous dis qu’elle lavait le sang ! Sûrement y a un malheur sur la maison, not’ bonne dame.

Barbe, dans une extraordinaire agitation, lâchait son ventre et se mettait à geindre.

— Qu’est-ce que tu me dis là, ma bonne femme ? Sybille, not’ chère fille ! Mais c’est-il pas cette méchante femme que t’as vue et qui fut cause que les deux frères se sont tués ? Ah ! le bon Dieu permet parfois d’étranges choses ! Ce fut le plus jeune qui se battit contre son