Page:Lemonnier - L'Hallali, sd.pdf/262

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ben après les plombs qu’y sont, ces mâtins-là ! Malheur d’malheur !

Il monta au grenier, supplia, injuria l’homme qui se refusait à descendre du toit. Le baron ricanait, menaçant de le jeter en bas des escaliers. Alors soudain il venait au paysan une colique de désespoir et les mains crispées à son ventre, il piétinait sur place, criant :

— Sûrement, Môssieu, c’sera ma mort. Han ! han ! Môssieu, Môssieu, j’suis t’y pas assez puni d’être votre fils ? Han ! c’est comme si quelqu’un m’arrachait les boyaux avec le tourniquet ! Voyons, c’est-y point encore assez ? Lui faut-il tout le toit, à c’t’homme ? Mais du coup l’chêneau va pourrir. Et puis, faudra tout de même tout remettre par après. Ah ben ! j’aime autant me pendre que de voir ça.

Maintenant il était là, les lèvres tressautantes, d’une humilité de chien battu, de l’eau aux larmiers et lui touchant le bras :

— Han ! han ! not’ père, c’est-y point la maison de nos enfants après tout ? Y aura p’t’être ben quelqu’un qui viendra de not’ sang pour lui rendre sa belle figure.

— Quel sang ! Celui des Bœuf ? Sache, paysan, que quant à l’autre, le jour où la dernière goutte du sang des Quevauquant se sera séchée dans mes os, ce sang-là demeurera à jamais tari.