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l’hallali

rière. Firmin Lechat arriva, bourru, les mains dans les poches.

— Ah ! c’est toi, Jean-Norbert, dit-il se prenant à le tutoyer comme un des tâcherons qu’il employait dans son petit domaine.

Le paysan, humble, inquiet, les yeux de côté, petit devant sa supériorité d’homme riche, répondit :

— Ben oui, m’sieu Lechat, c’est moi, comme vous voyez. Et j’viens là pour une petite affaire, comme quoi j’voudrais ben savoir si c’est la vérité qu’on m’dit que Môssieu vous aurait fait un papier comme quoi vous lui auriez fait une avance de douze mille, qu’on dit. Pour sûr, c’serait là une mauvaise affaire pour vous.

Lechat prenait son air de petit seigneur, et les mains sous les basques de sa jaquette, pirouettant sur les talons :

— Avec en plus les trois mille que je viens de lui bailler pas plus tard que le jour d’avant-hier, c’est tout juste le compte, sans parler des intérêts. À valoir sur une affaire que je te dis pas et qui se fera, sûr comme je m’appelle monsieur Firmin Lechat. Alors je rachèterai la créance de Piéfert et les autres et ce sera moi le maître de Pont-à-Leu. Je rebâtirai les tours, je retaperai la maison. On verra qui je suis. Maintenant, écoute. J’suis un homme tout rond, j’puis bien te dire