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Page:Lemonnier - L'Hallali, sd.pdf/52

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l’hallali

des chiens d’arrêt et l’ultime produit des grandes couplées de la meute. Nul aboi, depuis, n’avait retenti dans le chenil vide et Monsieur à lui tout seul faisait, depuis, ses battues, l’œil toujours clair et la main sans défaillance. Ses anciens massacres ayant décimé le gibier, il ne se gênait pas pour abattre chez les voisins les pièces qu’il ne trouvait plus chez lui. Le baron qui avait été impitoyable aux braconniers, braconnait maintenant pour son compte, avec sérénité, chaque fois que l’occasion s’en présentait. Son renom d’ancien seigneur du pays lui valant une certaine impunité, il ne se gênait pas pour brocarder les gardes qui lui répondaient aigres-doux :

— Faudra bien tout de même une fois ou l’autre vous coller un procès-verbal, m’sieu le baron !

Mais il se moquait d’eux.

— Ce jour-là, marauds, vous ferez connaissance avec mon plomb !

Des gens arrivaient se plaindre à Jean-Norbert ; tantôt le baron avait passé par un courtil, écrasant les plants et foulant les semis ; ou bien, on l’avait vu tirer par-dessus la clôture au risque de tuer les gens de la maison. C’étaient pour la famille des ennuis qui s’ajoutaient à tous les autres et lui valaient de sourdes représailles.