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l’hallali

Celle-ci, fendue d’une haute lézarde et comme aveugle, avec les trous d’yeux crevés de sa grande verrière, avait fini par servir à remiser des ramons, pêle-mêle avec des hardes de piqueux, des harnais, de vieux meubles, toute une mise-bas des splendeurs d’autrefois. La porte s’ouvrant à deux ballants sur l’ancienne cour d’honneur, on y avait poussé aussi un vieux carrosse armorié, tout pantelant sur ses roues et qui, pour le paysan, suggérait les gloires de l’ascendance à l’égal d’un symbole. C’était parmi toute cette friperie qu’avait pris le feu.

On entendit les coups que le baron donnait, dans le tas pour isoler l’incendie ; des étincelles s’envolèrent comme de la criblure d’or. Jean-Norbert, lui, son asthme aux dents, piétinait sur place, poussant des cris inarticulés, poltron et fou devant le feu que le Vieux remuait à brassées. Un instant, l’incendie parut maîtrisé. Mais la flamme soudain renaissait, une gerbe s’élança vers le plafond en bois. L’autel où si longtemps avait été célébrée la messe des Quevauquant fut mangé d’une goulée et encore une fois la hache s’abattait, fracassait ce qui restait là de l’antique dieu de Pont-à-Leu. Le danger aussitôt fut terrible : les greniers s’étendaient par dessus la chapelle ; toute la toiture pouvait brûler si le feu mordait la charpente des voûtes.