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Page:Lemonnier - Le Bon Amour, 1900.djvu/12

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qu’au moment où elle ne put plus me voir ; et alors il me vint un mouvement étrange. Je ne sais pas si ce fut du dépit ; non, je ne puis le croire ; je n’avais plus aucun droit sur elle, et néanmoins mes mains tremblaient, je détachai maladroitement le pansement du vieillard. Il cria, elle se retourna et cette fois nous nous étions reconnus.

Il me parut qu’au fond je lui en voulais de son arrivée dans cette maison comme si c’était pour moi qu’elle y fût venue. Je n’étais pas touché de la grande charité fraternelle qui lui faisait assumer un sévère devoir. Ni l’un ni l’autre nous n’étions plus jeunes ; mais j’avais vieilli plus qu’elle. Je ne croyais pas qu’elle eût porté si légèrement les soucis de la vie.