Page:Lemonnier - Le Bon Amour, 1900.djvu/147

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pas qu’elle n’était prudente que pour moi seul.

J’allai un jour seul sous l’arbre. C’était l’hiver ; les ramures étaient chargées de fins et brillants cristaux. Et on n’apercevait plus le banc sous la neige. « Ô Fréda ! lui dis-je en pensée, merveilleuse et douce amie, me faudra-t-il désormais renoncer à ta présence ? Ma vie sera-t-elle l’exil loin d’Éden d’où me bannit ton ordre trop bien obéi ? »

Le soleil perça la nue ; les givres se fondirent, et je vis apparaître comme un présage l’écorce verte de l’arbre. Alors encore une fois la sensation d’éternité me fut restituée ; mon cœur délicieusement s’allégea. J’entendis Fréda qui me disait : « Je suis votre femme, je vous appartiens. Je n’ai pas cessé d’être à vous. » Et la voix s’était