Page:Lemonnier - Le Bon Amour, 1900.djvu/163

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pendant à la longue j’en subis la force d’attraction incomparable. Il me parut qu’ici encore, comme en toutes choses, elle avait été plus près que moi de la vérité.

Il y avait un jardin derrière la maison de Fréda et dans ce jardin un saule courbait jusqu’à terre ses branches pliantes. Elle m’avait dit :

— Le saule verdit avant les autres arbres. Pourtant je n’y vis point de présage le jour où je le plantai en cet endroit.

Dans la fraîcheur de la nuit, dans les aromes subtils du jardin, nous allions souvent sous le saule : il nous rappelait l’abri charmant du châtaignier. Et un soir que nos pas nous avaient conduits vers son feuillage léger, je dis à Fréda :

— Fréda, voulez-vous que nous