Page:Lemonnier - Le Bon Amour, 1900.djvu/94

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la jeunesse de l’homme ressemble aux périodes troubles du monde, travaillées de feux volcaniques.

C’était là une pensée qui me revenait souvent ; elle me laissait la joie de m’être accompli en vieillissant. J’avais descendu la colline de mes jours et à mesure mes pas m’avaient rapproché de la vallée verdoyante et bruissante d’eaux où, loin des orages, dans la sérénité des heures, l’âme, avec les sucs tardifs, se compose un miel que n’altère plus aucune acidité.

Il me sembla que je commençais seulement de vivre. L’autre vie, comme un passage à travers des sols bouillants et des airs furieux, n’était rien à côté des frais repos, des sédatives contemplations de cette Tempé où se goûtait la divine harmonie intérieure.