Page:Lemonnier - Le Mort, 1882.djvu/149

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mauvais sommeils remplis de visions effrayantes, ils ployaient l’échine sous l’obsession du mort, le sentant partout mêlé à leur vie, à leurs travaux, à l’année bonne ou mauvaise. La femelle était venue s’ajouter à ce détraquement chez Balt, et une femelle d’un autre genre, la peur, achevait Bast, faisait claquer sa chair sur ses os.

Leur horreur des hommes avait augmenté.

Balt passait des jours entiers dans son champ, au bornage du bois. Il se tenait le plus près possible des taillis et quelquefois, effrayé de la lumière, il gagnait en plein midi leur obscurité. Il y demeurait des heures, replié sur lui-même, avec le dégoût de l’existence. Il aurait voulu être assailli par un animal plus fort que lui, connaître la joie de lutter, disputer sa chair aux dents des