Page:Lemonnier - Le Mort, 1882.djvu/25

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temps, ils trimaient, de l’aube au crépuscule, réveillés avant le chant du coq et ne s’arrêtaient de travailler que le dimanche, consacré à notre Seigneur.

Ce jour-là, ils se levaient un peu plus tard, s’habillaient, et l’un après l’autre, rarement de compagnie, s’en allaient entendre la messe au village, puis revenaient, la pipe aux dents, les mains dans les poches, et longuement s’attardaient dans leur champ, rejetant les pierres, écrasant du pied les mottes, regardant pousser le blé et mûrir la pomme de terre, ou guettant, une gaule à la main, les oiseaux qui s’en venaient becqueter la semence. Leurs blouses bleues collaient sur leurs sèches épaules, moulaient leurs squelettes éreintés, avec des plis bouffants dans le bas ; et ils rentraient chez eux, sombres, inquiets, écrasés par