Page:Lemonnier - Le Mort, 1882.djvu/83

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de leurs porcs. Mais, pour éviter que cette richesse éveillât les soupçons, ils vivaient dans un état d’animalité farouche, comme des gens qui n’auraient plus que la mort à passer.

Bast étant le plus comédien, jouait la faim, sur les chemins, geignait, faisait croire aux voisins qu’ils manquaient de tout. Les gens ricanaient, tournant cette détresse en dérision.

Un samedi, ils s’habillèrent et se mirent en route. Bast avait noué dans son mouchoir des billets et de l’argent pour une valeur de cinq mille francs. De temps en temps, il mettait la main dans sa poche, tâtant son mouchoir.

Ils prirent à travers champs et au bout d’une heure de marche, arrivèrent dans une rue large, bordée de maisons bien bâties, au milieu