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Page:Lemonnier - Les Charniers, 1881.djvu/212

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Depuis plus d’une heure un tapage incessant et régulier, que je ne m’expliquai pas d’abord, se mêlait aux rumeurs de la rue. C’était le grattement de quelqu’un ou de quelque chose contre la pierre : on eût dit une grosse lime de fer râpant le pavé.

— Ah ça ! me dis-je, est-ce qu’on va se mettre à creuser les fondations des maisons, à présent ?

En écoutant mieux, je reconnus que le bruit partait de la ruelle, sous ma fenêtre de gauche.

Je fus un peu honteux de m’apercevoir à la fin que le nocturne délinquant était tout bonnement un cheval râclant le pavé du bout de son sabot.

Devant la porte charretière de la maison voisine, sa longue silhouette noire allongeait le cou et remuait les jambes, lamentablement décharnée.

Une odeur de crottin indiquait qu’il y avait dans cette maison une écurie : le pauvre cheval, errant par la ville, avait flairé sans doute des camarades et grattait a la porte pour qu’on lui donnât sa part de litière.

La nuit précédente, vers la cinquième heure