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XXXVIII


Nous entrâmes dans Givonne.

Il régnait là une grande agitation. Des uhlans, des hussards, des cuirassiers, logés chez le paysan, couraient par la grand rue, pêle-mêle, en riant, gesticulant, chantant et sifflant. Des pectoraux velus, bouchonnés à pleine poigne, faisaient des taches brunes aux fenêtres. Çà et là, des hardes claquaient dans les feuillages rouillés sur des cordes. Des soldats en bras de chemise se lavaient dans des seaux aux portes des maisons ou se peignaient les cheveux en se regardant dans les vitres. Les baquets reflétaient la clarté des paysages.

Le pâle soleil de septembre, débarbouillé un instant de sa croûte de nuées, tapait à cru