Aller au contenu

Page:Lemonnier - Les Charniers, 1881.djvu/240

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

grises ou de pailles tressées ; les rampes devant les portes avec des anneaux à côté pour attacher les chevaux ou les bœufs ; les volets verts échancrés d’un cœur dans le haut ; les hangars en torchis éraflé et montrant par leurs crevasses les bardeaux comme une ossature ; les grandes portes de fermes béantes sur la profondeur violette des granges ; les bancs de pierre maçonnés dans le mur sous la fenêtre des auberges ; l’auge sur quatre piquets où l’avoine nage dans l’eau ; et puis, au milieu des maisons noires de suie et de pluie, l’église badigeonnée en jaune pointant sa flèche en l’air ; le foirail où les habitations se rangent en cercle comme pour voir sortir M. le curé avec le bon Dieu quand c’est Pâques ; les petits murs écaillés qui ont l’air de se pousser du coude pour faire de la place ; l’abreuvoir bordé de pierres de taille avec sa descente en pavés usés par le pied des bestiaux et sa flaque d’eau plaquée d’une tranche de lumière ; tout ce joli ensemble d’un joyeux village plein de laboureurs et de moissonneurs, où le dimanche voyait aux fenêtres des filles roses et au seuil des habitations de bonnes grand’mères jouant