Aller au contenu

Page:Lemonnier - Les Charniers, 1881.djvu/28

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de boue. En bas, on me montra divers monuments funéraires élevés autour des Quatre-Bras à la mémoire des Trans-Rhénans & des insulaires de la Grande-Bretagne ; & là, chez ce peuple demi-latin, Nervien, Gaulois, Fransquillon, notre quasi congénère, en définitive, pas une tombe, aucune pour les soldats de mon pays ! Alors une fureur chauvine, je le confesse, me secoua. Transporté, moi qui travaille avec passion comme tant d’autres à l’avénement de la fraternité humaine, moi, dont on a tant blâmé cette phrase que je ne regrette pas d’avoir écrite : « Il y en a quelques-uns ici qui se sentent beaucoup plus les frères d’un Russe, d’un Turc ou d’un Allemand soucieux de s’affranchir que de tels originaires de France, épris de leurs chaînes ! » Oui, moi qui suis aujourd’hui ce que j’étais hier, internationaliste convaincu, j’invectivai contre l’arbre où Wellington, ce Fabius d’un autre Annibal, ce général compassé, plus heureux que sagace & point hardi, ne dispersa