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Page:Lemonnier - Les Charniers, 1881.djvu/282

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Voici l’amoureux. Qu’il est craintif et timide ! Il s’abrite derrière la permission des parents. Pleure, Julie, si tu l’as aimé, car Roger te trahit maintenant pour la mort.

« Mademoiselle Julie, je vous écris comme vos bons parents m’ont permis de faire, car je ne l’aurais jamais osé sans cela, quoique j’ai tant besoin de vous parler. Ah ! ma chère Julie, depuis que je vous ai quittée, j’ai bien pensé à l’espoir que vos parents seraient les miens et que je sortirais de la milice pour aller demeurer ensemble à la ferme. Maman m’a écrit qu’il est tombé, le 13, de la grêle grosse comme des noix, et nous avons perdu le chanvre, le blé, la vigne. Les fruits sont hâchés comme de la confiture, et c’est arrivé le 13 juin. Est-ce que de votre côté, il est tombé aussi de la grêle ? Les jours sont longs ici comme des années, je relis toujours la lettre de votre bon père. Ah ! si vous aviez écrit seulement votre nom au-dessous, ma chère Julie ; mais votre bon père me dit que vous allez vous-même porter la lettre à la poste. Voyant cela, j’ai embrassé le papier, car vous l’avez touché. Mademoiselle Julie,