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Page:Lemonnier - Les Charniers, 1881.djvu/285

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XLIII


Quand je m’éveillai le lendemain matin, le pâtre cornait dans les rues de Bouillon, et m’étant levé, je vis sortir une à une des hangars et des étables, avec des meuglements, les vaches balançant leurs pis entre leurs jambes.

Rien ne semblait changé à la vie habituelle : une douceur flottait sur la ville endormie et l’aube noyait dans une pâleur rosée la tranquillité des maisons.

Brusquement les portes claquèrent, et le défilé des funèbres figures recommença, régulier, incessant, stupide, avec des cœurs irrésignés et un accroissement de stupeur.

Puis, comme je tournais les yeux, j’aperçus le père affolé qui de ses deux doigts levés sur le front d’un bœuf, souriant, croyait bénir son