Page:Lemonnier - Les Charniers, 1881.djvu/82

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La porte du funèbre wagon était large ouverte et des brassards se pressaient devant, guettant le moment de venir en aide.

— Hé ! Grupet ! prends-le par les épaules… Comme ça ! dit un du groupe.

Les infirmiers allèrent à quelque chose qui gisait dans le coin et firent le geste de détacher des liens. C’était le blessé, qu’il avait fallu attacher, à cause d’une fièvre cérébrale furieuse.

Une lutte s’engagea : on entendait un piétinement mou et sourd.

— Hardi ! Aïe donc ! cria le groupe.

Le gaillard, d’un grand mouvement, s’était jeté à bas de son grabat, et, debout, avec des grincements de dents et des cris exaspérés, se débattait contre les infirmiers. La chair frappée claquait dans l’obscurité, avec un bruit gras, étouffé. Ils hélèrent.

Deux hommes grimpèrent.

À quatre alors, s’arc-boutant, on s’empara du malheureux qui, entouré de bras puissants, pieds et poings liés, apparut sur le seuil de la voiture en poussant des hurlements de bête, écarlate, les yeux convulsés, ayant de l’écume aux lèvres.