Page:Lemonnier - Les Charniers, 1881.djvu/92

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X


Un talus s’élevait devant le moulin, très haut, presque perpendiculaire, et sur toute sa largeur était labouré comme par la dégringolade d’une troupe d’hommes. Des gazons, arrachés par les clous des souliers, avaient roulé au bas, laissant apparaître la terre, comme de la chair à travers des écorchures. Et le piétinement se continuait sur le chemin, parmi de grandes boues noires, où des flaques d’eau luisaient aigrement sous le jour d’acier qui tombait des nuages.

Toute sorte de choses, shakos, sacs, gourdes, gibernes, fusils brisés, gisaient là pêle-mêle, mais surtout au pied du talus. Et il y en avait