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Page:Lemonnier - Les Charniers, 1881.djvu/96

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du pantalon et en retira un mouchoir dans lequel il y avait une pièce blanche de deux francs, des noix, un peigne et deux morceaux de lettres qui joints ensemble, ne nous dirent rien.

Un des deux paysans nous apprit alors qu’une pauvre mendiante de Balan en tournée, son cabas à la main, ayant entendu venir à elle un grand bruit au moment où elle s’engageait dans le chemin creux, s’était mise à courir jusqu’au moulin et y était entrée. Elle était montée au grenier et de là, par une lucarne, elle avait vu des Français poursuivis par des Allemands. Les Français avaient sauté dans le ravin, mais en sautant la plupart s’étaient ou démis le pied ou cassé la jambe, et ils avaient roulé comme une avalanche au bas du talus. Et la vieille les avait vus se relever un à un quand la trombe fut passée, ôter leurs souliers et se traîner sur leurs pieds nus après avoir cassé des branches aux arbres pour s’en faire des bâtons.

Ils nous demandèrent de quel côté nous allions ; quand nous leur eûmes répondu que nous comptions être à Sedan le soir ;