Page:Lemonnier - Noëls flamands, 1887.djvu/104

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On n’entendait dans la chambre que le bourdonnement du silence, madame Lamy qui priait, M. Lamy qui épongeait son front baigné de sueur et Jean dont les dents claquaient.

Tout à coup un oiseau chanta sur les toits et le petit jour clair du matin blanchit les draps du lit.

Puis la vie se refit dans la rue, les portes s’ouvrirent et des pas rapides s’approchaient et s’éloignaient. À l’étage, les locataires de la maison marchaient lourdement sur leurs bas.

— Je cours avertir M. Muller, dit M. Lamy.

Mais il ne savait pas se résigner à s’en aller ; et d’abord il baissa le store de la fenêtre, puis moucha les bougies avec ses doigts, traînant dans les coins ; et enfin il sortit.

Quand Lamy entra chez M. Muller, celui-ci, en pantalon et en bras de chemise, les manches retroussées, baignait sa grosse figure dans une cuvette remplie d’eau fraîche, s’inondant à pleines mains la nuque, comme un gros poisson et soufflant dans ses joues.

— Une triste nouvelle, fit M. Lamy, qui ne savait par où commencer et tournait sa casquette dans ses mains.

M. Muller se redressa, les deux poings sur la table.

— Qu’est-ce qu’il y a, Lamy ? Pour Dieu, qu’est-ce qu’il y a ?

— La pauvre madame Bril !

— Morte ? Est-elle morte, Lamy ?

— Cette nuit, à dix heures.

M. Muller se laissa tomber sur son lit, les bras en avant et la tête dans les draps.

— Oh ! notre pauvre Jean ! notre pauvre petit Jean ! criait-il.

— J’ai pensé que vous voudriez bien m’accompa-