M. Muller, qui avait commencé à monter l’escalier très lentement, comme un homme qui se sent défaillir, se prit tout à coup à courir en appelant :
— Jean, Jean !
Il suffoquait à présent et ne pouvait plus se contenir. Et M. Lamy courait après lui, craignant quelque chose d’extraordinaire et disant :
— Calmez-vous, monsieur Muller ! S’il vous plaît, calmez-vous !
Mais devant la porte, M. Muller s’arrêta, ôta son chapeau, et attendit que Lamy entrât le premier, tremblant de tout son corps.
Et quand M. Lamy fut entré, il entra à son tour, étouffant le bruit de ses pas, vit Jean au pied du lit, à genoux comme il y était resté toute la nuit et ne prenant plus attention à rien ; et dans le lit il vit en même temps cette longue figure blanche qui était la défunte madame Bril. Alors il prit sa tête à deux mains et pleura de nouveau, mais tout doucement, jusqu’au moment où M. Lamy le toucha au bras et lui dit à voix très basse :
— Venez, nous irons à l’église et à l’hôtel de ville.
M. Muller se leva, ne répondit pas et suivit M. Lamy docilement.
Comme ils sortaient, madame Lamy arriva, portant un bouillon qu’elle avait fait pour Jean. Et tandis qu’elle se coulait dans la chambre, M. Muller dit d’une voix suppliante :
— Oh ! laissez-moi voir encore mon pauvre Jean !
Et il regarda longtemps par la porte entr’ouverte.
Madame Lamy s’approchait en ce moment de l’enfant, après avoir déposé sa jatte de bouillon sur la table, et lui prenant tendrement la main :