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revenait des champs, et M. Muller avait donné son adresse.

— Ce n’est pas bien de me l’enlever, monsieur Muller, avait dit Lamy. J’aime cet enfant comme s’il était le mien. Et puis, est-ce que Thérèse n’est pas là pour le soigner ?

Mais M. Muller avait répondu par de bonnes raisons :

— Non, Lamy, il est impossible qu’il retourne dans la maison où sa mère est morte. Certainement ça ne se peut pas. Comprenez donc ! il aurait toujours la pauvre madame Bril devant les yeux.

M. Muller veilla toute cette nuit-là et bien d’autres encore, car Jean demeura pendant un mois entre la vie et la mort, ayant presque constamment le délire et sans cesse criant lamentablement après sa mère.


VII


M. Muller habitait, au second étage d’une maison de la rue des Alexiens, une chambre dont l’unique fenêtre ouvrait sur une perspective de vieux toits. Constamment les cheminées vomissaient de la fumée noire, et parmi les tuiles rouges, des lucarnes à capuchons ressemblaient à de grosses niches de chiens.

De temps en temps, une tête de jeune fille apparaissait à l’une ou l’autre de ces lucarnes, et des bras frais, troussés jusqu’à l’épaule, tendaient sur une corde des linges et des loques qui claquaient au vent.

Matin et soir, et parfois même la nuit, retentissait