— Voilà que nous sommes aujourd’hui le 25 du mois de décembre, et dans sept jours nous serons le premier janvier. Alors je toucherai mon mois, et j’irai payer le corbillard, l’église, le cercueil et le reste. Oui, j’aurai de quoi payer tout cela, et même je payerai au pharmacien ses médicaments. Quand j’aurai arrangé ainsi mes affaires, il ne me restera pas grand’chose, mais l’arriéré sera payé, ce qui est le principal, et je payerai avec l’argent du mois prochain le docteur et les nouvelles dettes. Je crois qu’ainsi tout s’arrangera pour le mieux. J’irai trouver demain, d’ailleurs, la propriétaire, à qui je dois un terme, et je lui dirai que je lui payerai ce terme-là et le suivant en une fois, en février. Elle ne s’en fâchera pas, car c’est une bonne femme, et moi je serai bien content. Certainement, je dois mettre de l’ordre dans mes affaires, et je ne suis pas fâché d’avoir appris à me passer de dîner. C’est déjà une jolie économie : je mets comme ça de côté tous les jours les quatre-vingts centimes que me coûtait mon repas sans compter que je prenais souvent en dînant de la bière, et que le dimanche je dînais parfois à un franc. On dîne très passablement à un franc chez la mère Ravigote, mais il vaut encore mieux avoir un bon franc bien reluisant dans sa poche que d’avoir pour un franc de rosbif dans l’estomac. Il n’y a que sa soupe à l’oignon… Ah ! sa soupe à l’oignon ! Je la sentais en entrant, et je disais, l’eau à la bouche : Eh bien ! mère Ravigote, paraît qu’il y a de la soupe à l’oignon aujourd’hui. Elle fait très bien la soupe à l’oignon. Allons, bon ! Est-ce que je m’en vais penser à ces choses ? Je me porte d’ailleurs très bien, et je ne mange plus que pour dix sous. Et puis ça dépend des goûts. Moi, j’aime une nourriture simple, des saurets, du foie de porc ou du bloedpens, par exemple.