Page:Lemonnier - Noëls flamands, 1887.djvu/141

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autres du rhum, d’autres du cognac ou de l’anisette ou du curaçao, selon que ça tombe, en mangeant des tranches de pain d’épice ou des galettes de fin froment ou du pain à la grecque.

M. Muller ne prenait attention à rien de tout cela, mais un fourmillement lui mangeait le dos, parce qu’il avait quelque chose à demander et qu’il ne savait pas comment il s’y prendrait.

— Certainement, pensait-il, si je leur pose la question net, ils ne me répondront pas. Je les connais. Ils voudront tout payer. Comment faire ? Il n’y a pourtant que Lamy qui puisse me dire où habite ce diable de menuisier.

Il reculait toujours le moment de parler, et à la fin il se trouva si éloigné de chez lui que Lamy lui dit :

— Monsieur Muller, ne craignez-vous pas que Jean ait besoin de quelque chose ?

— C’est juste, je me sauve. Vous avez raison, Lamy.

Il leur donna la main à l’un et à l’autre, puis, comme se rappelant une chose oubliée, d’un air indifférent :

— À propos, Lamy, j’ai un petit travail de menuiserie à faire exécuter. Est-ce que vous ne me connaissez pas un bon menuisier ?

— Ah ! voilà, pensa en lui-même M. Lamy, nous y sommes.

Et il ajouta tout haut :

— Oh ! il ne manque pas de bons menuisiers, monsieur Muller.

— Si je prenais celui qui a fait le cercueil de la pauvre madame Bril, hein ?

Et M. Muller se disait tout bas :

— J’ai inventé là une bonne malice pour connaître l’adresse de ce menuisier.