Page:Lemonnier - Noëls flamands, 1887.djvu/168

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— Madame marraine ! Madame marraine !

Puis tout à coup, quand le vent grondait plus fort dans la cheminée et faisait grincer sur le toit d’en face la girouette qui a la forme d’un coq, il avait peur et il regardait du côté du poêle, ayant lu que les fées arrivent presque toujours par la cheminée.

Si elle allait paraître ! Qu’est-ce qu’il ferait bien s’il la voyait descendre dans un petit nuage d’or, avec sa robe bleue et rose et sa baguette de sureau à la main !

Mais la rafale passait, comme une femme en colère, sans que la fée fût descendue par la cheminée.

Et de temps à autre Jean regardait les belles images peintes où il y avait de jolis petits garçons et de jolies petites filles avec des yeux lilas, des joues roses, des cheveux blonds et des habits ajustés à leur taille ; — et près d’eux des fées minces et fluettes se tiennent assises ou debout, balançant sur leur cou délicat, comme des fleurs au bout d’une tige, leur tête qui sourit.


XIX


Cependant le goût de Jean allait surtout à une estampe où une forêt bleue, mais d’un bleu indigo, se distinguait par de grosses fleurs rouges et des arbres frisés comme des copeaux ; et au milieu de cette forêt, courait un sentier de sable, jaune comme de l’or.

La beauté du paysage n’était rien, il est vrai, comparée à la délicieuse personne, couchée sur un banc de gazon, à droite de l’estampe, un bras passé sous sa nuque en manière d’oreiller. Sûrement elle dormait,