ébouriffées ; et Donat n’aperçoit pas encore les petites fenêtres à barreaux de fer qui étalent, le long de la sombre muraille, leurs rideaux blancs bien tirés.
Il se rapproche alors et se cache derrière un arbre : de là il verra sûrement les fenêtres, la façade, la cour, et peut-être celle qu’il désire voir par dessus tout.
Et, en effet, voici que Donat allonge la tête : personne ne se montre aux fenêtres ; il s’avance en se courbant et se cache derrière un arbre plus proche de la haie ; il recommence deux fois ce manège et alors il se trouve derrière la haie même, séparé seulement du vieux moulin par une ruelle qui sert à l’entrée des charrettes.
Mais aucune charrette ne fait entendre le grincement de ses roues, les fouets ne retentissent pas et le cliquetis des rondelles de cuivre ne fait pas marcher les chevaux d’un pas plus leste. De maigres poules grattent seules un fumier où il y a plus de feuilles que de paille et qui ne fume pas comme dans les maisons où les étables sont régulièrement nettoyées.
La moisissure a rongé les murs du côté de l’eau et la roue, dont les palettes sont ébréchées, dort sur son axe immobile. Il y a plusieurs jours que la vanne n’a été levée, car le vieux bois vermoulu du déversoir est sec, et le gai ruissellement de l’eau ne fait plus chanter le claquet. Les toits, défoncés par places, laissent voir le trou noir des charpentes à nu, et les gouttières pendent le long des murs jusque sur les cailloux que l’eau a creusés. L’humidité et le froid passent à travers les fenêtres mal fermées dont les carreaux sont remplacés en plusieurs endroits par du papier collé. Mais derrière ces tristes fenêtres les rideaux sont blancs et Donat regarde surtout les rideaux. Une légère fumée bleue se tortille au bout de la cheminée, sur le toit ourlé de