Page:Lemonnier - Noëls flamands, 1887.djvu/181

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noce. Mon père est rentré tard dans la nuit et il a fait lever ma mère pour qu’elle lui servît à boire, bien qu’il fût resté tout le temps au cabaret, avec des gens de Bzin.

— Monique, un baiser pour ma fête ! Ne me donneras-tu pas un baiser ? Je ne pense plus qu’au moyen de faire de toi ma petite femme pour la vie, et certainement je le trouverai.

— Ah ! Donat, il ne faut plus penser à ce qui est impossible : mon père a perdu tout ce qu’il possédait et la part de ma mère même est mangée. Je suis à présent une pauvre fille, et il arrivera un jour où je devrai travailler comme servante chez les autres, pour gagner le pain de ma mère et de mon père. Je le ferai, Donat, car je n’ai pas peur du travail et ma mère m’a appris à n’avoir jamais les mains oisives. Toi, Donat, tu es le fils d’un riche meunier, et ton père ne voudra jamais que tu prennes pour femme la fille de son pauvre voisin. Ah bien non ! Adieu, Donat, apporte-moi tantôt tes galettes. Voici maintenant mes joues. Laquelle veux-tu ? La droite ou la gauche ?

— Toutes les deux, Monique, dit le grand Donat en levant jusqu’à sa bouche, dans ses robustes bras, la belle fille du meunier Flamart.

Mais elle lui glissa tout à coup des mains et s’enfuit en lui tirant sa casquette sur le nez.


II


Donat repassa la haie et revint en courant au moulin, par le pré blanc où ses souliers laissèrent l’em-