Il ouvrait la bouche, la fermait et pensait à l’heure qui passe irrémédiablement. Le cordon de sa blouse tremblait sur sa poitrine comme si le vent eût soufflé dessus, mais c’était le battement de son cœur qui mettait ainsi le cordon de sa blouse en mouvement.
— Eh bien, garçon, ne sens-tu pas l’odeur qui sort du four ? lui demanda la meunière.
— Oui, mère, dit Donat, c’est une odeur de brûlé.
— Qu’as-tu donc dans la tête pour confondre l’odeur de la flammiche avec l’odeur du brûlé ?
— Est-ce vraiment de la flammiche, mère ? repartit Donat, honteux.
Mais il ne se montra pas joyeux comme il l’eût été en tout autre moment, car il aimait la flammiche, et au contraire, il laissa retomber sa tête sur sa poitrine.
— Donat, lui dit sa mère, il y a plusieurs jours déjà que tu n’es plus le même homme qu’auparavant. Il se passe quelque chose, Donat, et moi, ta mère, je n’en sais rien.
Alors Donat alla fermer la porte derrière son père qui venait de sortir et dit :
— C’est vrai, mère, j’ai de la peine.
— Et à propos de quoi as-tu de la peine, mon garçon ?
— J’ai rencontré le messager de Saint-Gérard qui m’a dit que notre voisin Flamart voulait marier Monique au vieux Chicord.
— Est-il possible, Donat ?
— Mère, s’écria le jeune meunier en sanglotant, j’avais fait vœu que Monique serait mienne.
— Ah ! Donat, pourquoi n’as-tu jamais ouvert ton cœur à tes parents ? Monique est une bonne fille. Mais il faut que j’en parle au meunier, car il est le maître de dire ce qui lui plaît et ce qui ne lui plaît pas.