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UN
MARIAGE EN BRABANT


I


C’était un habile homme dans sa partie que Claes Nikker, et point méchant, bien qu’il eût voulu le faire croire. Oui, c’était un habile homme et nul ne s’entendait comme lui à ressemeler les vieux souliers, car Claes Nikker était savetier comme son père l’avait été avant lui. Tous les jours, du matin au soir, sauf les dimanches, on entendait le pan ! pan ! de son marteau, et quelquefois même, quand tout le monde était couché, on le voyait encore, à travers la fente du volet, besogner en fumant sa petite pipe noire.

Oh ! la pratique ne lui manquait pas dans le village et l’on venait même de deux lieues à la ronde, tant il était connu. Il chaussait les pères et les fils, les mères et les filles aussi, deux fois l’an régulièrement, car le reste du temps, c’étaient les vieux souliers qu’on lui portait à raccommoder. Et chacun était content