Page:Lemonnier - Noëls flamands, 1887.djvu/217

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des talons. Entendez-vous, des talons, Piet Snip ? Et à celle-ci vous mettrez une pièce sur le côté, pour Lupp Pouffijas. Avez-vous compris ce que je vous ai dit, Piet ?

Piet fit signe qu’il avait compris et partit, après avoir demandé s’il ne devait pas revenir le soir, mais Nikker lui dit que non, et Piet Snip s’en alla, les souliers dans son mouchoir, en regardant de côté s’il ne verrait plus Truitje.


III


Une grande ombre noire se répandit dans la chambre où travaillait maître Claes, comme si un nuage fût passé devant la fenêtre, et quelqu’un cogna contre le carreau. Claes se leva aussitôt et alla ouvrir la porte, car il avait reconnu M. le curé derrière la vitre. C’était bien lui, en effet, avec sa grosse petite personne joufflue et bien portante, ses moufles en tricot, son tricorne sur le bout du nez et son petit œil clignotant qui furetait dans le fond des consciences.

— Ah ! ah ! Nikker, bonjour, dit M. le curé quand il fut entré. Comment cela va-t-il, mon garçon, depuis que je ne vous ai vu ? Et Truitje, va-t-elle bien aussi ?

— Très bien, monsieur le curé, répondit maître Nikker, très bien.

— Je suis content de votre dernière paire de souliers, Nikker, très content. Oui, je suis tout à fait content. Mais j’ai le pied un peu serré dedans : il faudra les mettre sur la forme pendant un jour.

— Oui, monsieur le curé, c’est ce qu’il faudra faire. Certainement je le ferai.