Aller au contenu

Page:Lemonnier - Noëls flamands, 1887.djvu/222

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Non, dit Claes Nikker sévèrement, ils ne sont plus neufs, honorable monsieur Job.

M. Mathias Job répondit très bas en tremblant :

— J’espère, Nikker, que vous les arrangerez bien encore pour cette fois. Ce sera la dernière. Je vous amènerai à la Noël les enfants pour leur prendre mesure de souliers neufs.

— Écoutez, ce que je dis est dit, fit Claes Nikker, je ferai pour le mieux.

M. Mathias Job remit alors ses papiers en poche, releva son écharpe sur son nez, fourra ses longues mains dans son pantalon et s’en alla, en ayant soin de bien fermer la porte derrière lui.

Et maître Nikker pensait :

— Madame Mathias Job aura bientôt son neuvième.

M. le bourgmestre frappa aussi au carreau, mais il n’entra pas, car il tenait par la bride un gros cheval blanc qu’il venait d’acheter à la ville :

— Ah ! ah ! bourgmestre, lui cria Nikker. Vous n’entrez pas un instant ?

— Ce n’est pas la peine, Nikker. Je pense que vous allez bien, et Truitje aussi. Qu’est-ce qu’il y a de nouveau ici, Nikker ?

— Nette Orverschot vient d’acheter au Cromme son cochon. Est-ce que vous croyez que le cochon pèse ses cent livres, bourgmestre ?

— C’est selon, Nikker, les uns disent qu’il pèse plus, les autres disent qu’il pèse moins. Moi je ne dis rien.

— Cela vaut mieux, pensa Claes Nikker ; on ne fait ainsi de tort à personne et on est sûr d’être réélu quand c’est le moment des élections.

Le bourgmestre Michiel Pot attacha au garrot de son cheval les souliers que maître Nikker venait de termi-