Page:Lemonnier - Noëls flamands, 1887.djvu/238

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en l’air, se retourne et retombe dans la poêle, à l’endroit qu’il faut. Bien, Truitje !

Il y a quelqu’un dont le cœur a battu aussi vite que celui de Truitje : c’est Piet. Ah ! si elle allait manquer ! Une ! deux ! Mais la crêpe est retombée d’aplomb. Il boit un grand coup et ses yeux brillent en regardant sa bonne amie.

— Eh bien, Nikker, qu’en pensez-vous ? fit tout à coup Anna Snip à l’oreille de Claes, au plus beau du tapage.

— Je pense que votre cochon était gras à point, mère.

— Nikker, je pense à autre chose. Je pense que notre garçon et votre nièce se voient volontiers. C’est aux parents à arranger le mariage des enfants.

— Qu’est-ce que vous me dites là ? s’écrie le sournois Nikker en frappant ses mains l’une dans l’autre.

— Vous avez de bons yeux, Nikker, et vous savez ce que vous savez.

Et la petite vieille femme le regardait en clignant ses paupières.

— Ceux qui croient faire une affaire d’argent en épousant Truitje Nikker se trompent, dit alors Claes en se renversant sur sa chaise et prenant son genou droit dans ses mains.

— Écoutez, Claes, lui répondit la bonne femme ; pour qui travailleraient les parents s’ils ne travaillaient pas pour leurs enfants ?

— Claes Nikker a travaillé depuis qu’il est sur la terre, mais il sera bientôt temps qu’il se repose, s’il veut encore se reposer en ce monde.

— Notre garçon travaillera pour sa femme et ses enfants : il connaît à présent son métier.

Alors Nikker se mit à ricaner et dit :