Page:Lemonnier - Noëls flamands, 1887.djvu/255

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— Bon, Leentje, ce que je vous en dis aujourd’hui est pour vous mettre un peu en colère contre moi. C’est un doux mouton, voilà.

— Un doux et un joli mouton, Mina.

— Oui, tout ce que vous voudrez, Leentje, un doux et joli mouton. Êtes-vous contente ? Je sais très bien que vous m’avez, donné une jolie pièce de cinquante centimes toute neuve, avec la tête du roi Léopold dessus. Oui, je la vois encore d’ici.

Elle toussait en parlant, un peu gênée, car elle l’avait gardée pour elle.

Et Mina était, en effet, descendue la veille pour remettre la pièce au jeune garçon ; mais au moment d’ouvrir la porte, elle avait vu le fils du sacristain Klokke à genoux dans la neige et cherchant à regarder par la fenêtre de la cave. Et Klokke, qui était jaloux, lui avait dit :

— Pourquoi venez-vous à la porte, Mina ? Est-ce que vous m’avez entendu frapper contre la vitre ? J’ai pourtant frappé bien doucement. Je suis sûr que quelqu’un a rendez-vous à cette heure avec vous. Est-ce le gros Luppe, le Crollé, ou Metten, le cocher de M. Meganek ? Dites-le moi, Mina, ou je vous pince.

— Qu’est-ce que vous me chantez là ? s’était écriée la grosse petite bonne. Vous êtes toujours planté devant le carreau pour savoir ce que je fais. Klokke ! c’est fini. Je ne veux plus rien avoir pour vous. Mariez-vous ailleurs. J’en ai assez de toutes vos raisons. Qu’est-ce que vous dites ?

— Eh bien, si c’est comme cela, je m’en vais. J’en ai assez de tous les museaux que je vois tourner par ici. Vous avez beau dire, je pars pour ne plus revenir.